J'ai horreur de donner des notes, mais à Bambi, ce serait un bon 8 / 10.
J'ai lu recemment le roman de Félix Salten, et j'ai litteralement adoré. Mais c'est beaucoup plus cruel et noir que l'adaptation de Disney... le passage, par exemple, de la mort de la mère de Bambi est mille fois pire, parceque Bambi voit autour de lui tous les animaux courir, mourir, tout ça dans une sorte de chaos en rouge et noir.
Contrairement au film, Salten ne succombe pas à l'envie de faire de ses personnages des êtres mignons, gentils. Leur monde est cruel, et ainsi peuvent-ils se reveler parfois (la mort de l'ami lapin, pourchassé par des corbeaux en période de famine alors qu'il est lui-même malade, la mort du faisan sous les griffes du noble Renard, la terrible mise à mort de Gobo, le cousin de Bambi, qui fait l'erreur de croire en l'homme...).
Dans Bambi, il y a la forêt, lieu de tendresse et de liberté, et l'exterieur qu'on ne voit jamais, sauf quand y entre les "êtres à trois bras" (comprendre l'humain armé d'un fusil). Le danger est partout, surtout dans cet autre, l'égoiste, le méthodique, celui qui croit detenir le pouvoir (la scène magnifique du face à face entre le Renard mourant et une horde de chiens qui obeissent aveuglement aux ordres), qui est une parabole de la dictature, et à l'époque de l'écriture du roman, une parabole sur les nazis. Les chiens, eux, peuvent être vus comme des kapos.
La force de ce livre est, outre qu'il y a deux degrés de lecture (l'histoire d'un faon dans la forêt et les multiples paraboles que l'on en sort), est de mélanger cette peur qui confine à l'angoisse (existentialiste, comme ce passage surréaliste et superbe qui voit deux feuilles tomber en discutant de la vie et de la mort) avec une mélancolie désabusée, où la Nature est belle et prédominante (on sent presque la brise, l'herbe foulée...) et "l'exterieur" effrayant et modernisé, qui laisse un goût étrange et plein d'amertume.
Bambi, ce n'est drôle que rarement, c'est cruel, c'est noir jusque dans l'écriture sèche de Salten et les visions d'horreur (quand les humains penetrent le sanctuaire qu'est la forêt pour la première fois, le faon croit voir le ciel devenir rouge, alors que c'est le sang des oiseaux qui gouttent). Mais c'est aussi très tendre (les rapports de Bambi avec sa mère, ou avec ses amis, ses premiers pas dans le "monde").
Ce n'est qu'un bref aperçu de ce que j'ai pu ressentir en lisant cette oeuvre, et vous allez faire une overdose d'informations. C'est vraiment un livre à lire... en tout cas, une très belle découverte pour moi.